Je m'appelle James et j'ai 13 ans. Je vis depuis ma naissance dans cet endroit qui était jadis Bruxelles, capitale de la Belgique. On est tous enfermés dans des bulles qui nous protègent de menaces extérieures, comme des animaux nucléairement modifiés ou des maladies transmises par des gaz situés à des endroits précis.
Je n'ai jamais connu mes parents, j'ai toujours été seul. Bien sur, j'ai appris à me débrouiller dans le chaos le plus total qu'est le peuple qui vit sous cette bulle. Certains marchands sont sympas et me passent de la nourriture gratuite, alors que je n'ai plus de patriarche. Ici, tout passe par le patriarche. Si tu n'as pas de père, tu crèves, tout simplement. Si tu n'as plus que ta mère, elle ne fera que se chercher un mari. Et si tu n'as pas de parents, les gens qui te prennent en pitié t'aident. Comme ils le font pour moi.
Je suis habitué à ces regards pleins de pitié et de tristesse. Quand j'étais plus petit, j'avais toujours cru qu'on allait vouloir m'adopter, que je pourrai avoir une famille, mais à mes six ans, j'ai vite compris que ce ne sera jamais le cas. Ils ne pouvaient pas se permettre d'élever un enfant de plus. On avait des quotas. On ne pouvait pas avoir des gosses en plus. C'était comme ça.
Tout était régulé, dans cette communauté étrange. Le taux de gosses, de bouffe disponible, avec qui tu te maries, quel métier tu feras... et beaucoup d'autres critères. Ici, on prend le nom de notre père jusque nos 15 ans, jusqu'au Test Ultime. Il faut savoir que ton père, ou n'importe qui, prends le nom de sa profession. Par exemple, si Tom est boulanger, il s'appellera Tom Boulanger.
Et donc, on se retrouvait paumés dans un espace clos, beaucoup trop petit pour la grande population qui animait cette ville de Belgique. Enfin, la seule ville encore existante. Avec celle-ci, il en reste quatre autres : Londres, Le Caire, Rome et Paris. Toutes encore debout grâce à des bulles géantes. Mais toutes vivent avec un accord passé avec des gens dont personne ne connait l'existence, j'ai nommé "ceux de l'autre monde".
Ces gens sont des légendes vivantes par ici. Personne ne sait qui ils sont ou leur motivation pour nous aider. Tout ce qu'on sait, c'est que tous les cinq ans, quelqu'un part chez eux et puis c'est tout.
On ne sait pas qui va partir, demain. Ni qui va devoir accompagner, et par la même occasion, mourir. 20 personnes potentielles peuvent partir. UC
Signé l'originale
